Si vous avez un projet de site Internet, ou de refonte, vous en avez forcément entendu parler : l’écoconception est devenue LE terme à la mode. Mais c’est aussi un véritable enjeu stratégique pour votre business.
Pour certains, l’écoconception numérique est la normalité, alors que pour d’autres, c’est rendez-vous en terre inconnue. Chez La Team Durable, nous n’avons pas attendu la fin de l’abondance pour changer nos habitudes. Dans notre quotidien, nous sommes toujours à la recherche de l’équilibre entre performance marketing et impact généré.
Cela se traduit parfois par des questions existentielles du type :
- Abandonner les Google Fonts pour privilégier des polices installées en local ;
- Passer chez un hébergeur vert, quitte à payer un peu plus cher ;
- Supprimer un CTA en trop sur une page au risque de perdre un lead…
Un casse-tête qui en vaut la peine, car cette conscience permanente est aussi source de meilleure performance pour votre stratégie digitale. Et ça commence par votre site Web.
Que peut-on faire facilement sans sacrifier sa performance ? Vous allez voir que pour une fois, efficacité et économie vont plutôt de pair. Vous pouvez donc y aller sans crainte, personne ne va vous accuser d’écoterrorisme 😉
Écoconception : de quoi parle-t-on ?
L’écoconception de site web consiste à créer et à développer des sites web de manière à minimiser leur impact environnemental. Cela implique de prendre en compte tout le cycle de vie d’un site web, depuis sa création jusqu’à sa mise en ligne, et à son utilisation par les internautes. C’est ce qu’on appelle l’ACV (analyse du cycle de vie).
L’objectif principal est de réduire la consommation d’énergie, les émissions de gaz à effet de serre et les déchets électroniques.
Pourquoi est-ce important ?
Le numérique pollue
Le numérique a bouleversé nos vies et Internet est un gigantesque buffet, où les internautes se servent à volonté en contenus en tout genre. Forcément, ce miracle a un prix.
4 % des émissions de gaz à effet de serre proviennent de l’industrie du Web, selon le rapport réalisé par l’ADEME et l’ARCEP sur l’évaluation de l’impact environnemental du numérique. Et ça flambe avec l’IA et les blockchains, notamment les cryptomonnaies !
Le numérique connecté représente déjà un septième continent en termes d’impacts environnementaux. Ce poids pourrait être multiplié par 3 d’ici à 2050.
1.3 à 1.7 gramme de CO2 sont générés pour une page Web consultée (source : https://www.consoglobe.com/recherche-google-combien-c02-3588-cg). En aout 2021, on comptait presque 2 milliards de sites web dans le monde (source : Internet live stats). Je vous laisse faire le calcul…
De plus, le numérique n’est pas seulement immatériel, bien au contraire ! On parle de « dématérialisation », mais rien n’est plus matériel que la quantité de matière utilisée pour fabriquer nos réseaux et nos serveurs.
Par exemple, fabriquer un ordinateur de 2 kg nécessite l’emploi de 800 kg de ressources et des milliers de litres d’eau douce !
Cela illustre bien la difficulté d’appréhender le sujet, tant l’impact du numérique sur l’environnement demeure complexe. Pour réaliser son ambitieuse étude « Empreinte environnementale du numérique mondial », le média GreenIT a mis au point une méthodologie qui prend en compte 3 catégories (les utilisateurs, les réseaux et les centres informatiques) analysées autour de 4 critères environnementaux :
- L’épuisement des ressources
- Le réchauffement global
- Le bilan énergétique
- La tension sur l’eau douce
Vous pouvez aller encore plus loin à travers l’analyse et les conseils de Greenpeace sur la pollution numérique.
Si vous voulez tout comprendre du phénomène en quelques heures, la Fresque du numérique est tout indiquée. Contactez Aurélie Lecomte, notre Directrice Formation, pour la réaliser dans votre entreprise. Attention, électro-choc garanti !
Gagnez en compétitivité grâce à l'écoconception
Faire mieux avec moins. Ce concept de base du développement durable s’applique à merveille aux sites Web. Car un site web écoconçu signifie « moins de ressources à charger », donc un site Internet plus rapide. Voyons un peu tous les bénéfices :
- En optimisant les performances de votre site Web, vous réduisez donc votre impact environnemental. Bonus : vous améliorez aussi l’expérience utilisateur et donc vos chances de conversion.
- Et ce n’est pas tout : la vitesse de chargement impacte aussi le référencement sur Google. Un site plus rapide a plus de chances d’être bien référencé, donc vous améliorez aussi votre visibilité et votre trafic !
- Par ailleurs, l’adoption de pratiques d’écoconception web peut engendrer des économies d’énergie et de coûts : des sites plus légers et plus rapides nécessitent moins de ressources serveur et de maintenance, conduisant à des économies financières importantes.
- Enfin, abattons la dernière carte : une image de marque positive ! Les entreprises et les organisations qui mettent en avant leurs pratiques d’écoconception témoignent de leur engagement, ce qui peut améliorer leur notoriété et attirer une clientèle soucieuse de l’environnement.
Si ces quelques arguments éveillent votre curiosité, alors poursuivons sur le comment .
Comment se lancer dans l’écoconception de site web ?
Etape n°1 : le design en écoconception
Qui dit écologique dit « sobriété ». Cela ne vous oblige pas à abandonner l’artiste qui est en vous, mais il faudra se réinventer pour trouver des design permettant de minimiser votre impact.
Se lancer dans l’écoconception de site web, c’est donc avant tout une histoire de tri. Et souvent, on va privilégier le fond à la forme.
- Qu’est-ce que j’ai à dire ?
- Qu’est-ce que qui a de la valeur pour les utilisateurs ?
- Quels contenus fonctionnent le mieux ?
Les visiteurs ont des habitudes, ils savent comment naviguer sur un site, il faut donc s’appuyer sur les usages pour ne pas multiplier les boutons ou les illustrations non nécessaires. Concentrez-vous sur l’essentiel. Le challenge est de trouver comment parler de vous ou de vos produits et services avec beaucoup moins.
Et vous savez quoi ? Comme dirait Marie Kondo, faire du vide ça fait du bien ! D’ailleurs, vous le savez en tant qu’internaute : n’en avez-vous pas marre de cliquer 3 fois pour fermer une pop-up intempestive ? Ou de cliquer sur « page suivante » pour enfin savoir ce qu’est devenue cette star des années 90 ?
En plus de son faible impact sur l’environnement, un design épuré et simple assure non seulement une expérience utilisateur améliorée, mais il réduit également la charge de travail du navigateur, ce qui entraîne une utilisation moindre des ressources du système.
2e étape : choisir un hébergement vert
Adopter l’écoconception web pour réduire votre impact implique de choisir un hébergement web respectueux de l’environnement et des règlementations concernant les données personnelles. Cela signifie concrètement plusieurs choses.
Un hébergement local : privilégiez un hébergement sur votre territoire d’action et respectueux de la souveraineté des données. Envoyer les données personnelles de vos utilisateurs sur des serveurs Amazon, à l’autre bout de l’Atlantique, ne semble pas être l’idée de l’année.
Des énergies renouvelables : optez également pour un fournisseur qui utilise des serveurs alimentés par de l’énergie verte. Pour le refroidissement, certains utilisent des technologies innovantes telles que le refroidissement par immersion, plus vertueux que la climatisation.
L’entretien des serveurs : un hébergeur vert mettra un soin particulier à bien entretenir ses serveurs, pour en assurer la plus grande durabilité. On l’a déjà vu, la fabrication du matériel informatique est responsable d’une grande part de la pollution numérique. Autant ne pas gâcher…
Voici quelques exemples d’hébergeurs web écologiques à considérer : Infomaniak, Planethoster, Ikoula, Datacampus, Hostpapa et Ionos.
3e étape : allégez les contenus et composants !
Quelle plateforme pour votre site Web ?
Les puristes vous recommanderont de ne pas utiliser de CMS pour alléger le poids de votre site Web. Nous sommes un peu plus mesurés car cela représente souvent un coût additionnel pour l’entreprise.
L’idée est d’être efficace là où il est facile d’opérer, pas de se sacrifier.
On peut néanmoins faire attention au CMS choisi. Par exemple pour le e-commerce, comparer WordPress, Shopify, et Prestashop. Oublier Magento qui pèse un âne mort.
Quels plugins pour l’animer et le faire tourner ?
Lorsqu’un site est conçu avec un CMS, il faut souvent ajouter des « plugins », qui vont endosser des rôles variés :
- afficher votre bannière RGPD,
- créer un formulaire,
- gérer vos offres d’emploi, etc.
Similaires aux applications que vous installez sur votre smartphone, les plugins, alourdissent le code de vos pages et allongent leur temps de chargement. Perte de performance pour votre site garantie !
Plus de temps de chargement correspond à plus de CO₂ émis. Il faudra veiller à choisir des outils connexes vraiment utiles et les plus légers possibles.
Quels contenus pour illustrer vos pages et partager vos informations ?
Une image vaut mille mots, mais une vidéo vaut-elle mile images ? Un gif animé rigolo vaut-il ce bout de bande passante ?
En écoconception pure, on oublie les photos et on garde le poids des mots. Là encore, nous ne sommes pas des ayatollahs : illustrer un propos par une image, quand on est une entreprise commerciale, n’est pas interdit. Ni de faire quelques vidéos. Nous-mêmes nous en faisons et nous avons notre chaîne YouTube.
En revanche, il faut toujours s’interroger sur la nature du contenu, son utilité et le meilleur moyen de faire passer le message. En conscience.
Par exemple, les replays des Webinaires qui peuplent le Web sont-ils réellement visionnés un jour ? Nous pensons que non, en tout cas pas tous, et que 45mn de vidéo, ça prend de la place. Autant profiter du direct !
Évaluer l’impact de chaque action grâce à des outils de mesure
Heureusement, il existe une multitude d’outils gratuits vous permettant de mesurer l’empreinte écologique de votre site web. Les critères déterminants sont la complexité de la page (le nombre d’éléments à afficher), la bande passante et la charge serveur (le nombre de requêtes par seconde / minute).
- EcoIndex vous indique votre score de performance environnementale et vous donne la possibilité de vous situer par rapport à la médiane
- PageSpeed Insights est un outil Google qui vous informe sur la vitesse de chargement de vos pages sur tous les appareils et vous indique le poids de vos pages et les moyens de le diminuer
- Ecometer analyse l’impact environnemental de votre site en se basant sur les 115 bonnes pratiques de référence de l’écoconception. Le site vous fournit également des conseils concrets.
Utilisez-les en fonction de vos besoins (et surtout ceux de vos clients) ils permettent de vous accompagner dans la quête de sobriété numérique, vous restez le meilleur juge de votre action. Enfin, l’Institut du Numérique Responsable propose tout un panel d’outils pour explorer les joies de l’écoconception, mais aussi répondre aux enjeux de l’accessibilité numérique.
L’écoconception de site web offre une opportunité passionnante de créer un Internet plus performant et durable. En adoptant des pratiques telles que la réduction de la taille des fichiers, la prise en compte de la consommation énergétique, l’adoption de designs sobres et le choix d’hébergements verts, nous pouvons contribuer à la préservation de notre planète tout en offrant une expérience utilisateur de qualité. Que dire de plus ?
En tant qu’agence de marketing digital durable, nous avons un rôle essentiel à jouer dans cette transition vers un Internet plus responsable.
Chaque petit pas compte pour construire un avenir numérique durable.
En optant pour la refonte de notre site, nous sommes passés du score D à B. Mais cet exercice nous a avant tout permis de nous lancer dans un processus d’amélioration continue de l’impact de nos missions digitales.