Certains d’entre-vous l’ont remarqué, mais nous avons récemment migré l’ensemble de nos articles du Blog de la Stratégie Digitale au format Accelerated Mobile Pages (AMP), le projet si prometteur que Google a mis en place. Alors, est-ce que nous en sommes contents ? SPOILER ALERT : Oui, mais.
Concept de l’AMP
L’AMP Project est une technologie open-source initiée par Google ayant pour promesse de proposer du contenu en ligne accessible instantanément via la version mobile de son navigateur. L’enjeu est assez simple : faire gagner à l’internaute de son temps précieux afin de plutôt mettre à profit les – feu – quelques secondes d’attente de chargement dans la consommation d’un autre contenu. Ça, c’est pour la partie qui concerne l’engagement.
Un article AMP est signalé par un éclair apparaissant sous le titre de la page.
Mais l’utilité est double, puisque Google tend désormais à mettre en avant dans ses résultats les pages et sites parfaitement adaptés au format mobile. Ainsi, on ne parle plus de mobile friendlymais de mobile first : c’est-à-dire d’abord penser la conception d’un site pour les petits écrans pour les adapter sur de plus gros plutôt que l’inverse. La raison d’être du format AMP.
L’addition est donc simple : temps de chargement quasi-nul + format mobile first = meilleur référencement. Et tout cela en utilisant la technologie Google, autant vous dire que les possibilités de visibilités sont grandes. Comment ça favoritisme ?
Un exemple assez parlant : faites un tour depuis votre navigateur mobile sur de l’actualité (« Macron » et « Législatives 2017 » marchent bien en ce moment), vous remarquerez que TOUS les premiers résultats naturels sont au format AMP, en plus du carrousel « Actualités » de Google. Vous comprenez aisément la nécessité pour tous les médias d’adopter ce format dans leur stratégie Search.
Un contexte de forte pression concurrentielle
Ne pensez pas que la firme de Mountain View fait cela uniquement pour vos beaux yeux (de lecteurs), derrière se cache une volonté très claire en termes de positionnement vis-à-vis de ses concurrents directs. En effet, oubliez le simple moteur de recherche qu’il fut, Google est aujourd’hui l’acteur global de référence dans l’organisation et la circulation de l’information de façon universelle.
En démontre sa stratégie d’acquisition particulièrement agressive (YouTube, AOL, Waze, etc.) et de sa politique d’innovation visant à diversifier les activités de la société (Cloud Computing, Culture, Transport, etc.). Un régal pour les internautes qui peuvent gratuitement profiter de tous ces services, et du pain béni pour les annonceurs.
Cependant, un acteur de poids s’est aussi sérieusement engagé dans cette voie : Facebook.
1 milliard 158 millions d’utilisateurs se connectent chaque jour sur la version mobile de Facebook
Source : Zephoria
Vous comme moi sommes les premiers à profiter de sessions plus ou moins longues sur Facebook, naviguant nonchalamment entre vidéos virales et autres messages d’anniversaire. Du temps disponible que mettent à profit les annonceurs pour nous pousser leurs contenus publicitaires notamment.
Mais une nouvelle fonctionnalité de l’application est venue chasser sur les terres de Google : les Facebook Instant Articles.
Le concept est simple : mettre à disposition des utilisateurs de Facebook des articles et contenus directement accessibles sur la plateforme de façon instantanée, et signalé par un petit éclair. Mais dites donc, ça nous vous rappelle rien ? La différence, c’est que Facebook a déployé cette fonctionnalité en octobre 2015, soit presque un an avant le format AMP de Google.
Le résultat : une fuite de contenu pour Google qui s’accompagne irréversiblement d’une perte sèche de gains issus des annonces publicitaires. En témoignent les derniers résultats financiers.
Google se devait de répondre, et il l’a fait.
Mise en place technique
Alors est-ce que le temps de chargement d’une page sous format AMP est nul ? Non. Cependant il est tellement rapide qu’il en devient imperceptible, d’où l’effet d’instantanéité.
Une optimisation technique de cette importance se fait forcément au détriment de ce qui fait l’âme de votre site. Et justement, le cadre à respecter est extrêmement strict pour pouvoir prétendre à ce format :
- Traduction de votre langage source en AMP HTML (qui contient forcément quelques spécificités)
- Interdiction de déclenchement de la plupart des scripts et applications tierces
- Cadre CSS minimisé avec notamment des polices de caractères imposées
La mise en place technique est présentée pas-à-pas sur la page du projet, mais ne faites pas cela sans l’accompagnement d’une équipe de développement.
Bonne surprise cependant pour les utilisateurs de CMS, il existe aujourd’hui des plug-in spécifiques pour faire sa migration en toute simplicité.
Les résultats
Une fois la migration effectuée, les premières pages au format AMP commencent à apparaître dans les résultats de recherche entre 24h et 48h. Il faut compter au total une bonne quinzaine de jours le temps de voir l’ensemble de ses pages indexées sous le format AMP.
Et les résultats sont là. Comme le montrent les données ci-dessous, on s’aperçoit que se placent en 20ème position en moyenne dans les résultats de recherche avant le déploiement du format AMP (soit entre le 2ème et la 3ème page des résultats organiques). On passe à 9,5 une fois l’ensemble des pages indexées, cela faisant par la même occasion doubler le taux de clic. La promesse semble donc être tenue.
SEO contre ROI
Mais. Il est indéniable que le format AMP représente autant une avancée en termes de Search Engine Optimization que d’expérience utilisateur. Cependant il ne faut pas oublier que le but d’une page est de fidéliser son visiteur via une logique universelle :
- 1 page
- 1 besoin
- 1 mot-clé
- 1 message
- 1 action
Hors c’est avec cette dernière règle que le bât blesse. Tout miser sur la visibilité peut certes avoir un intérêt manifeste selon l’intention que l’on souhaite donner à son contenu, mais qui coûte cher si cela revient à sacrifier l’aspect business.
Car oui, l’environnement limité de ce format ne permet pas à ce jour de gérer l’opt-in. Oubliez donc abonnement à vos articles et autre lead generation, car ici c’est le contenu qui est mis en avant, pas celui qui en est l’auteur. De quoi retrouver de vieux démons.
De plus, ces technologies sont encore à ce jour trop instables pour pouvoir réellement profiter de leurs pleines capacités. Et l’on se rend assez rapidement compte que les articles AMP comme les Facebook Instant Articles demandent un investissement trop lourd (temporel comme pécuniaire) par rapport à ses retombées réelles.
À moins bien-sûr… de devenir annonceur sur ces plateformes !